LE FILAGE À LA MAIN SUR ROUET ÉLECTRIQUE
L’ATELIER DE COOPECAN
La coopérative Coopecan avec qui nous travaillons opère un atelier de filage à la main de la fibre d’alpaga.
La fibre de bébé alpaga est cardée et peignée mécaniquement avant d’être filée par les mains expertes d’un groupe de femmes de la région de Sicuani. Le filage se fait à la main sur un rouet actionné électriquement. L’appareil ressemble à une machine à coudre avec un contrôle de la vitesse aux pieds.
Ces dames doivent se concentrer à la tâche afin de garder la plus belle uniformité possible.
Le fil simple obtenu doit ensuite être retordu (plié) pour nous donner un fil à 2 brins de la grosseur désirée. Cette étape se fait aussi manuellement.
FILAGE À LA MAIN AU FUSEAU
Le filage peut se faire de plusieurs manières. Par exemple, les artisanes tricoteuses de l’association Arte-Aymara filent aussi la fibre d’alpaga mais elles le font sur un fuseau. Cet outil plus rudimentaire est mieux adapté à leur quotidien. En effet, les artisanes se déplacent beaucoup afin de faire paître les animaux et de vaquer aux divers travaux agricoles et familiaux. Le fuseau est très petit et se transporte dans un sac à main. Il est donc beaucoup plus pratique qu’un rouet! Le fuseau représente aussi l’instrument typique que tout éleveur d’alpaga possède. C’est un outil traditionnel symbolique que nous avons d’ailleurs utilisé dans le logo de PachaMama Canada afin de souligner cette tradition à protéger. Voyez sur cette page plus amples renseignements sur la technique des tricoteuses de Arte-Aymara.
LES TEINTURES NATURELLES
L’atelier de Coopecan est aussi le lieu de préparation des teintures naturelles dérivées de plantes et d’insectes (cochenille – voir explication ci-dessous). La récupération du savoir-faire des anciens a permis à l’équipe de normaliser les recettes ancestrales afin de nous offrir de multiples coloris originaux. Monsieur Huarcaya, le maître teinturier, teint le fil d’alpaga du rouge pompier au jaune en passant par toute une riche palette de couleurs.
Les écheveaux de fils sont trempés dans les macérations de plantes et/ou d’insectes afin de les gorger des pigments de couleurs. Préalablement, une solution de mordançage naturel composé d’alun et de crème de tarte est utilisée afin de bien fixer les teintures.
La cochenille
La cochenille, insecte se retrouvant en grand nombre sur les cactus des Andes et aussi produite en élevage, est utilisée afin d’obtenir plusieurs tons de rouge, rose et violet.
Ce sont les Aztèques du Mexique qui furent les premiers à élever le Dactylopius Coccus pour ses riches couleurs de rouges et de violets. L’insecte parasite des cactus fut rapidement convoité par les colons espagnols qui en firent une matière de choix dans le commerce international. En effet, à l’époque de la quête des épices, les teintures étaient aussi vivement recherchées, particulièrement le rouge « carmin ». Cette teinte fait d’ailleurs partie de l’histoire du Canada, car elle était utilisée dans la fabrication des uniformes de la Gendarmerie royale.
Le colorant rouge de la cochenille doit son nom à l’acide carminique qui se trouve dans le corps et les œufs que produit la femelle. L’acide carminique agit comme pesticide naturel pour protéger la cochenille de ses prédateurs. Outre pour le domaine textile, la cochenille est aussi utilisée comme colorant alimentaire et ce, encore aujourd’hui.
On retrouve le Dactylopius Coccus en quantité sur les cactus de la variété Opuntia, surtout cultivé en Amérique latine. Le Pérou est le premier producteur mondial de cochenille mais l’élevage de la cochenille se pratique à plusieurs endroits dans le monde.
– Sources: sciencepresse.qc.ca, lesfilsdutemps.free.fr/tincto.htm, marchand.d.idees.free.fr
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